Gil Bruvel : « Yog-Art », un art de vivre

2023

Lorsqu’il rejoint la Galerie Montmartre en 2018, Gil Bruvel est surtout connu pour la formidable série Flow de sculptures en acier inoxydable, aux ondulations surréalistes et hypnotisantes.
C’est pourtant pour ses sculptures en bois que l’artiste incarne désormais un rôle majeur sur la scène internationale. Ses nouvelles compositions, complexes et fascinantes, reposent sur une technique ancestrale : le bois brûlé.
Un changement radical d’approche, mais une finalité évidente pour Gil Bruvel. L’artiste revient à ses toutes premières expérimentations sur le bois. Il offre ici une œuvre mêlant maîtrise technique, spiritualité et conscience environnementale.

Qu’est-ce que le bois brûlé utilisé par Gil Bruvel ?

Le bois brûlé est un art ancestral japonais, le Yakisugi-ita qui signifie « planche (ita) de cèdre (Sugi) brûlée (Yaki) ». Les bâtisseurs japonais s’étaient aperçus que brûler le bois permettait de le rendre plus résistant et d’éviter ainsi la propagation des incendies dans les ruelles étroites.
Le bois brûlé originel est de couleur noir charbon. Sa surface présente une texture écailleuse plus ou moins épaisse et dense. Couleur et texture peuvent facilement être associées à d’autres matériaux, offrant une palette de nuances à l’art décoratif et la création artistique.

Le bois brûlé, matériau écologique incontournable

La technique dite du brûlage vient pallier plusieurs faiblesses structurelles du bois en altérant sa composition chimique.
D’abord, elle fait chuter sa teneur en glucides, dont se nourrissent les champignons et les termites. Le bois brûlé ne revêt plus aucun intérêt nutritif.
D’autre part, elle vient recouvrir le bois d’une couche protectrice de carbone qui le rend résistant aux rayons ultraviolets (UV), à l’humidité et aux infiltrations.
En jouant sur la température et la durée de brûlage, la nature des essences de bois et le traitement de la surface (brossage, huile, vernis, pigments), l’artiste modifie l’apparence finale de sa composition.

Pour un artiste comme Gil Bruvel, soucieux de la préservation de la nature, cette technique qui permet de se passer de produits chimiques de synthèse est devenue essentielle.

L’approche méditative du bois brûlé chez Gil Bruvel

Gil Bruvel assemble des bâtonnets brûlés de forme et de taille variées, puis les peint en légers dégradés. Un visage pixelisé apparaît à mesure que l’on s’éloigne de ce qui semblait faire bloc.
A distance, « cette fragmentation révèle un tout cohérent : un visage surgit d’un chaos apparent […] comme une métaphore visuelle de la complexité et de la contradiction inhérentes aux êtres humains ».

Si maintenant on regarde une sculpture de dos, la représentation figurative du visage laisse place à une composition abstraite. Ici, « l’assemblage de bouts de bâton en forme de pixel transmet le royaume caché de l’émotion, de la sensation et de la pensée – notre univers interne. »

L’art de Gil Bruvel, une expérience de réalité totale

Cette perception fait écho à l’idée essentielle que Constantin Brancusi, l’un des pères du modernisme dans la sculpture, cherche à exprimer dans son œuvre. « L’art ne signifie pas une évasion de la réalité, mais une entrée dans la réalité la plus vraie, peut-être la seule réalité véritable […] son désir de vivre directement cette réalité sacrée présente tant dans le monde extérieur à l’homme et surtout en lui-même ».
Brancusi a lui-même pratiqué assidûment la méditation, en totale communion avec la Nature, tant pour lui, « la fonction de l’artiste reste celle de déchiffrer les signes cachés de la nature et d’interpréter les mystères de l’Univers ».

Après le jeu sur la forme, Bruvel explique que « les dégradés de couleurs représentent les flux de sentiments et de conscience qui traversent notre esprit comme des ondulations sur un lac, laissant le lac inchangé ». Ainsi, yeux et bouche fermés, ses visages inspirent la sérénité et le calme, et aident à « rappeler à quoi cela ressemble d’être centré et en paix ».

Dans cette longue période fébrile que nous avons vécue à visages couverts, la sérénité des sculptures en bois de Gil Bruvel nous rappelle aussi que « la sagesse n’est pas la méditation de la mort, mais la méditation de la vie » Spinoza.


La Galerie Montmartre vous propose une sélection d’œuvres d’art uniques et inspirantes. Nous avons à cœur de partager avec vous les œuvres iconiques de nos artistes. Pour en savoir plus sur nos artistes, n’hésitez pas à venir nous rendre visite dans notre galerie de la Place du Tertre dans le 18ème à Paris. Vous pouvez aussi prendre rendez-vous en nous contactant au 01 55 79 94 02.

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Sculpteur

Gil BRUVEL

Gil Bruvel est né à Sydney en Australie en 1959 et a grandi dans le sud de la France, où il a découvert l’art à l’âge de 9 ans. Son père étant ébéniste, Gil a très vite démontré un intérêt pour la sculpture sur bois, le design de meubles et l’art fonctionnels.

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